Dès le petit matin, dans l’aube froide de décembre, notre vaillante A1A-A1A 68540 est sortie de son abri pour mettre son MGO en marche afin d’accueillir le Père Noël en gare des Aubrais pour son voyage annuel à Tours.

Il ne fallait pas rater le rendez-vous après une édition 2020 suspendue pour cause de pandémie ; aussi les compagnons de l’Atelier avaient-ils présenté une rame historique non seulement en parfait état de marche mais encore rénovée sur plusieurs aspects :

• voiture B10 chaussée de nouveaux bogies
• chauffage-vapeur et toilettes rénovées pour les trois voitures des années 30
• voiture-Bar réaménagée
• voiture-Club repeinte dans sa livrée d’origine
• système rénové d’éclairage et de chauffage de la rame alimenté par un nouveau moto-générateur dans la Postale
• etc…

Le rendez-vous ne fut pas raté : avec 230 passagers dont près de 70 enfants et une équipe de 25 bénévoles, c’est un train bien rempli qui a emmené le célèbre barbu en robe rouge vers le marché de Noël de la capitale tourangelle. Notre rame historique avait fière allure sous la verrière de la gare de Tours. Une réussite qui comble tous les bénévoles de l’AAATV-CVL qui avaient à cœur de retrouver leur public et, bien sûr, de veiller au confort du Père Noël.

Les innovations n’étaient pas que techniques à bord de ce train. Un protocole sanitaire à la fois strict et convivial s’exprimait dès l’accueil sur le quai : Jacques dont la veste en peau de mouton légendaire était complétée d’un masque à nez-rouge, assurait la bonne humeur pendant les formalités du registre de présence et de la désormais traditionnelle aspersion de gel hydroalcoolique. De même, à bord, les animations pour les enfants étaient séquencées en petits groupes entre lesquels les jeux, crayons et tables étaient scrupuleusement désinfectés. Sous la houlette inspirée de Cathy, les enfants ont pu s’adonner à des ateliers de maquillage et de coloriage pour les plus petits. La boutique, tenue par Jocelyne et Alain, s’enrichissait d’une offre rénovée faisant la part belle aux jouets et aux souvenirs en bois, très appréciés des parents et des bénéficiaires. Enfin,  pour limiter les effets de foule, les goûters étaient distribués par le Père Noël et ses lutines (et ses lutins aussi!) directement dans les compartiments.

Le tout alors que Lucky, notre Père Noël décidément en pleine forme, se mettait à la disposition des petits et grands pour les photographies, explications aux enfants, dialogue avec les parents ravis ! Car ce ne fut pas la moindre des bonnes nouvelles pour l’AAATV-CVL : non seulement nous avions fait le plein des places disponibles, mais nous avons accueilli une part appréciable de nouveaux voyageurs, qu’ils aient été incité à rejoindre le voyage par des piliers de l’association comme la famille Pilfer qui remplit à elle seule pas moins de deux compartiments ! Ou que d’autres publics aient tenté la rencontre, tel ce Club de Marcheurs qui avait retenu 16 places cette fois pour rouler…

Bref, une clôture de l’année 2021 en fanfare pour l’AAATV-CVL avec le succès de l’épreuve hydraulique à chaud de la locomotive à vapeur 141R840 réussie le 6 novembre dernier et cette rame historique en traction diesel qui a dévoré les voies des Aubrais à Tours et retour, en toute harmonie et à 120 km/h pour faire, naturellement, l’horaire.

Bonne Année à tous et à bientôt en 2022 !

Photos : Pascal Bouché et Franck Bailly

Le 21 octobre 1976, la SNCF confiait officiellement la garde de la 141 R 840 à l’AAATV Vierzon-Bourges.

Le 20 mai 1978, la machine était remise à l’Association au cours d’une petite cérémonie en gare de Vierzon. 

Le début d’une grande aventure que nous devons aux passionnés de l’époque, parmi lesquels Alain Demarez, Denis Pasquier et Pascal Bouché (qui nous a confié les images ci-jointes). Merci à eux!

Dès lors pouvait débuter les opérations de préservation, avec une première protection du corps cylindrique grâce à une bâche avec inscription de reconnaissance de la jeune section Vierzon-Bourges de l’Amicale des Anciens et Amis de la Traction Vapeur.

Quelle satisfaction de constater que cette aventure perdure aujourd’hui et que notre matériel historique continue à valoriser l’image vivante du Chemin de Fer à l’époque de la traction vapeur.

Nous avions fêté les 70 ans de la 840 et les 40 ans de l’association en 2017; on va pouvoir fêter dignement les 75 ans et 45 ans en 2022 ! Et en vapeur s’il vous plaît, avec le retour sur les rails de notre machine fétiche après la révision décennale de sa chaudière.

Mais l’histoire continue surtout grâce à nos bénévoles dévoués et engagés, sans qui notre matériel ne pourrait être ni restauré ni entretenu, et grâce à nos voyageurs et à nos donateurs que l’AAATV-CVL remercie sincèrement pour leur fidélité.

La 141R840 est actuellement en travaux de maintenance et de rénovation dans le cadre de l’épreuve hydraulique décennale de sa chaudière.

Les travaux sont réalisés par les bénévoles de l’Association dans son atelier de Fleury les Aubrais. Certaines rénovations sont menées en partenariat avec la SOTHERMA et la CITEV, avant présentation à l’APAVE pour les épreuves hydrauliques.

Parmi les opérations les plus complexes, on citera:

• la recharge de la plaque tubulaire coté boite à fumée
• le remplacement de 15 petits tubes à fumée
• l’expertise et la réparation des tubes surchauffeurs
• le remplacement de 58 tirants de ciel de foyer assurant la suspension de la ‘’boite à feu’’ dans la chaudière.

A l’issue de ces travaux, notre chaudière a passé avec brio le premier stade du contrôle de l’APAVE (IP et CAI)* qui a donné le feu vert pour l’épreuve hydraulique à froid; celle-ci se déroulera le 17 Septembre 2021.

Si le passage de ce deuxième jalon est confirmé, une épreuve à chaud devrait avoir lieu courant Novembre… Alors, bientôt la R sur les rails du RFN en 2022 ?

Jérôme ANSEL élu Président de l’AAATV-CVL et Thibaud BENETON Vice-Président

Nous partageons avec vous les souvenirs d’enfance d’un de nos voyageurs qui rapporte ses retours du lycée vers Marly le Roi en Z 1500 (une des premières série d’automotrices de banlieue « modernes », mises en service au début des années ’30). L’auteur y rapporte un incident sur le viaduc de Marly ayant nécessité l’intervention d’une 141 TC pour remorquer un Z1500 en panne. Comme quoi le patrimoine ferroviaire laisse des souvenirs dans de nombreuses mémoires. Nous y voyons une raison de plus de pour continuer notre mission de préservation de matériels historiques qui font encore rêver petits et grands!

Un voyage en rame Standard Z 1500

Ding ! Ding ! Slam ! Slam ! Ding ! Woooooooooooouuuuuuuuuuiiiiiiii !

C’est dans ce vacarme infernal que s’ébranle la rame Standard Z 1500, qui desservait tout le réseau banlieue Ouest, de Paris Saint Lazare à Versailles Rive Droite, Saint-Nom-la Bretèche, Saint-Germain-en-Laye (via Nanterre la Folie), Maisons-Laffitte, ou Pontoise entre autres.

Mis en service en 1924, ce matériel dura jusqu’à sa réforme en septembre 1977. Les voitures étaient en tôle rivetée vert eau avec une bande jaune pour matérialiser le compartiment des premières, et cloisonnées en compartiments voyageurs et fourgon. Les voyageurs y accédaient par des portières coulissantes que l’on ouvrait soi-même, mais qui se fermaient brusquement en claquements successifs.

Les unités comportaient une, deux, trois ou quatre rames d’une motrice et d’une remorque chacune. La propulsion se faisait par des moteurs électriques de 500 KW à courant continu de 750 volts, fourni par un rail sous tension parallèle aux rails porteurs, auquel s’agrippaient plusieurs frotteurs glissants. Il était mortellement dangereux de poser le pied sur le rail électrique !

Habitant Marly-le-Roi, je fréquentais beaucoup la ligne Paris St. Lazare-St.-Nom-la-Bretèche, surtout dans les années 1960-1962 car j’étais scolarisé à Paris.

Après l’accélération du départ, le voyage se poursuivait dans un continuel mugissement métallique, ponctué de claquements secs, de secousses et du clignotement de l’éclairage lorsque le véhicule franchissait les aiguillages. Car les frotteurs quittaient un rail électrique pour en reprendre un autre au sortir de l’aiguillage.

Plus le convoi accélérait, plus le bruit était fort, plus l’oscillation de la caisse prenait de l’amplitude, et le contrôleur-chef de train se déplaçait d’un pas incertain et dansant entre les travées (sièges de moleskine vert foncé à ressort, encadrés de bois verni) pour vérifier les titres de transport. Dans le compartiment-fourgon, je voyais les anneaux suspendus au plafond pour arrimer les colis de grande taille, se balancer presque jusqu’à l’horizontale !

Mais passé Saint-Cloud, nous étions dans la campagne et nous pouvions admirer les prés, les champs, les maraîchers, des petits lotissements. Tout cela est aujourd’hui remplacé par l’extension des villes. À la sortie de Louveciennes, la tranchée de Port Marly est surplombée d’un viaduc métallique constitué de croisillons rivetés en fer puddlé. Inauguré le 05 mai 1884, il a une longueur totale de 283 mètres sur une hauteur de 80 mètres, d’où se développe un panorama magnifique sur Marly-le-Roi, sa forêt et ses environs. À cette époque et pour des raisons de sécurité, ce viaduc n’était pas électrifié et la seule voie porteuse subsistait, posée sur des traverses de bois (longrines) fixées directement sur le tablier métallique.

Le conducteur devait donc accélérer, et calculer sa vitesse et son élan pour parcourir le viaduc d’une traite sur toute sa longueur, et reprendre son courant de l’autre côté.

Par une chaude après-midi de mai 1961, la rame où je me trouvais (deux voitures dont une motrice) a mal pris son élan, et est venue mourir au milieu du viaduc. Elle ne pouvait plus bouger ni pied ni patte, faute de jus !

Le contrôleur-chef de train, après nous avoirs interdits de descendre, a envoyé son conducteur chercher du secours. Lequel est parti à pied le long de la voie jusqu’à la prochaine gare, nous laissant cuire à bord sous le soleil.

Une demi-heure après, une machine à vapeur 141 TD, préposée aux manœuvres dans le triage de Marly-le-Roi, est venue s’atteler à notre train, et nous a tractés à reculons jusqu’à la prochaine gare. Nous étions sauvés ! Voyager en Standard Z 1500 pouvait être une aventure.

Jean-Yves MARTY